dimanche 23 décembre 2007

La vérité sur Noël



Depuis quelques jours, tu peux entendre, comme moi, des parents raconter à leurs enfants combien il faut être sage pour que le Père Noël passe et laisse des cadeaux.


Le reste de l'année, on entend ces mêmes personnes gronder leurs progénitures qui osent leur mentir.

Je trouve une incompatibilité dans la situation.


Alors tout le monde me dit comme c'est merveilleux la magie de noël, le traineau, les rennes, la cheminée et tout ce qui va avec. On me raconte qu'il est formidable de voir l'enfant s'émerveiller devant le mystère des cadeaux apparus spontanément au pied du sapin, d'entendre cet enfant qui espère tant avoir la force de veiller pour apercevoir le vieil homme mythique: le Père Noël.


Tout est prévu afin que le conte prenne vie dans la tête des chérubins:

- le célèbre distributeur de cadeau
x vit en Laponie, ce banc de terre glaciale au bout de l'Europe. Comme ça, on est sûr qu'ils n'iront pas vérifier d'un coup de vélo. Mais aujourd'hui des séjours éclairs sont organisés sur place, dans "l'usine" et la maison de noël. Visite dans la demi-journée, très rapide, pour être certain que l'enfant n'en voit pas assez pour comprendre le complot mondial qui se trame derrière tout ça.

- là, des lutins secondent le Père Noël pour aider à la confection
ou l'achat des surprises et toute la logistique qui va de paire.

- l'état français, au travers de la Poste, est de mèche et met à disposition,
pour l'occasion, le hangar du courrier égaré, afin d'organiser une soit-disant réponse aux enfants qui envoie une lettre. Le vice est poussé jusqu'à acheminer à Libourne, toutes les cartes et enveloppes, quel que soit l'adresse écrite dessus, du moment qu'on peut comprendre quel en est le but au travers de l'énoncé (et ce, même sans timbre!).

- on peut trouver de nombreuses répliques bedonnantes de l'homme
en rouge. A ce niveau, les histoires varient. Il y a les parents qui racontent à leurs petits que c'est le seul et l'unique Père Noël qu'ils ont là, devant eux. Ceux qui expliquent que c'est un agent du réseau lapon qui vient recueillir des informations sur les souhaits des bambins afin de les faire remonter à sa hiérarchie pendant que le vrai bienfaiteur est submergé de travail et n'a pas le loisir de se déplacer lui-même.

- le carrosse et les rennes... à l'air du TGV, de l'A380 et autres technologies rapides. Donc quelques cervidés comme moteur avec le célébrissime Rudolf qui dirige le groupe. Derrière lui, le traineau (sans toit, ni cha
uffage) chargé inévitablement d'une vingtaine de colis, en sachant que chaque enfant reçoit environ un mètre cube de paquets... Il doit en faire des allées et venues ce traineau entre la Scandinavie et le reste du globe. Heureusement qu'il vole! Mais alors pourquoi un "traineau" puisqu'il ne traine pas mais vole. Ce devrait être un "voleau".

- enfin, le grand tour de force
de l'histoire: le Père Noël se glisse, ventre compris, par la cheminée avec les paquets sur le dos jetés dans une hotte en osier! Là, il y a du respect parce qu'au 19° siècle ou avant c'était souvent des enfants qui ramonaient les cheminées. Les adultes même les plus minces coinçaient toujours dans le conduit. Mais pas lui, bien sûr. Quant à ceux qui n'ont pas de cheminée.... Alors là, les parents usent d'une imagination plus fertile que le meilleur engrais et plus farfelue que celle de tous les gamins réunis.



On te raconterait aujourd'hui une histoire avec le dixième de ce mensonge, que tu ne voudrais pas en croire un seul mot.

Pour qui, les parents prennent-ils leurs enfants? Les pensent-ils si débiles? Quel respect de l'autre et de la vérité veulent-ils en
seigner par la suite?

Pour n'importe quelle autre histoire racontée aux enfants, on leur dit toujours que c'est une légende, un conte, dans un pays imaginaire,
qu'il ne faut pas avoir peur de ce qui s'y déroule... Pourquoi le Père Noël échappe-t-il à la règle?
Est-ce si beau de voir les petits aux environs de 7 ans qui pleurent de déception, qui ne veulent plus croire les adultes, ou qui se font un plaisir d'annoncer la "bonne nouvelle" aux
plus jeunes?

Je pense qu'après ce cap, l'enseignement du respect des autres, de la vérité est plus difficile. On ne récolte que ce qu'on a
semé.



J'ai un neveu, et j'espère ne jamais avoir à lui parler du Père Noël. J'ai déjà prévenu qu'il ne fallait surtout pas me demander de revêtir le déguisement. Je sais que,
par omission, je lui mentirai dans les années à venir. Mais je ne veux pas être un complice déclaré de ce complot général.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis tout à fait d'accord ! Mais les enfants sont de moins en moins en dupent. Ils réfléchissent beaucoup plus que leurs aînés au même âge, c'est à dire nous ! Ils sont aussi plus stimulés et plus gavés d'images qu'ils savent bien fausses et sont élevés par des parents qui ont de moins en moins envie de leur mentir car ils pressentent la contradiction que tu soulignes dans le fait de ne pas dire de mensonges.