mardi 15 janvier 2008

L'arche de Sélène. nouvelle à suivre

Je me promène.
Souvent.
Et beaucoup.

Sur les blogs.
Le tien parfois.

Sur les sites.
Ceux des photograph
es régulièrement
Et ceux des journaux scientifiques également.

Parfois je m'arrête sur la branche d'un arbre: l'arbre des possibles. Un arbre dont les ramifications peuvent s'étendre à l'infini. C'est à toi, à moi, de lui donner vie. J'ai commencé. J'ai arrosé cet arbre d'un sceau de phrase, d'un jet d'histoire.

Je suis monté sur des branches existantes qui m'ont séduit puis j'ai tout fait pour les développer, les faire grandir et les embellir. Une de ces branche est née d'une graine plantée par Karquen. Elle porte le nom de l'arche de Sélène.

La voici:





Silence. Partout, le silence pesait sur les individus rassemblés par millions dans les rues sans lumière de Paris.
Fixe, la foule attendait. Le nez levé sur l
e coin de ciel que laissaient accessible les immeubles. La pénombre était tombée; l'électricité avait été coupée, partout. La Lune bleutée jouait avec l'ombre de la tour Eiffel en face, à gauche avec quelques reflets lointains de la tour Montparnasse. A droite on percevait, infime, la blancheur du Sacré Cœur. Certains pleuraient en silence; d'autres avaient une bouteille de champagne à la main, mollement tenue, pour une fête improbable, une occasion définitive… Jeanne, la boulangère Bretonne, qui s'était installée 15 rue Rodier voila 15 ans, voyait dans les chiffres une mystique personnelle. Elle se tenait devant sa « boutique orange », parmis tant d'autres, ne pouvant s'empêcher d'admirer la Lune, et de pleurer, sentiment mêlé d'impuissance et de rêve. Elle revoyait sa vie d'enfance, les promenades sur les falaises de Lochmaria à Belle-île, sa mère servant les crêpes et le kir royal dans le petit restaurant… Elle revoyait ces heures où son père l'emmenait pêcher des palourdes, la petite griffe de plastique entre ses petites mains de 10 ans, puis les parties de cache-cache entre les menhirs de Carnac, les premières «boums » et les premiers flirts à Quiberon, son apprentissage de vendeuse à Rennes, son mariage dans les années 80 avec Yves, boulanger à Auray, la mort de ses parents, puis l'achat à Paris de la boulangerie pour se mettre à son compte. Un beau chemin parcouru. Elle regrettait souvent la Bretagne, le changement année après année du 9 ème arrondissement, voyant disparaître ses couches populaires pour des « affairistes» rivés à leurs téléphones portables même devant la caisse. Les bonjours étaient devenus automatiques, les sourires oubliés, les clients ne disaient plus « s'il vous plait » mais « un pain ! » en crachant l'urgence du temps qu'ils n'avaient pas. Avant, elle discutait un peu, avec chacun, aujourd'hui elle envoie sa marchandise. Elle aurait pu envoyer la baguette directement dans la figure des clients, rien n'aurait changé, ils auraient ramassé, payé, et seraient sortis de la boutique toujours le téléphone portable rivé au cerveau. A côté d'elle, Pierre, étudiant en lettres classiques et modernes.
Il roulait ses cigarettes, décomptait le temps, par interval
le de briquet allumé. La foule tout autour de lui ne le gênait pas, au contraire, il aimait cette solidarité, cette ambre cristallisant une société unie face au plus grand évènement. Bien qu'étonné de ne pas voire de pugilats, de pillages, il tâtonnait du regard pour comprendre dans le celui des autres ce brin d'humanité qui reliait tous ces gens, pour une fois. Le gros là-bas suait dans la pénombre, acidité de la sueur de la peur, l'autre' ressemblant à une clé USB en petite chemise et les yeux écarquillés au ciel' semblait rapetisser à chaque minute, la jolie damoiselle à 2 mètres dans les bras d'une bête informe à tête de cheval; il se demandait pourquoi les femmes étaient attirées par leurs contraires, n'y avait t'il pas une forme inverse et non contraire ou complémentaire à l'amour ? il posa les yeux sur Jeanne, la Boulangère. Il se moquait de la voir pleurer, mais il était éploré de la voir si droite. Elle n'entrait dans aucun de ses concepts littéraires ; elle pouvait être souillon à la cendrillon, spirale infernale ou vestale, à la Tolstoï, ou à la Baudelaire, elle n'était qu'elle même ce qui dérangeait beaucoup ce futur écrivain. Quelques pas devant, des visages, des vies, des aspirations, des histoires, des bonheurs, des heurs aux bulles de vies, des bulles aux heures d'apogées apposées sur le recoin des immeubles, au carrefour des destinées, devant des feux rouges muets.
On était à H - 10 secondes.


H - 5 secondes.

Illan regardait la Terre. Sa Terre. Dans les hublots, les dômes, on voyait des visages, par millier, regarder une dernière fois cette boule décroché de l'espace qui formait l'ensemble de leurs existences passées. Il fallait partir. La sélection avait été rude. On en avait vomi de douleur, plié de pitié, jonché les couloir d'épuisement, en traversant tous les doutes possibles humains. Sonia aurait par moment voulue être une blatte, inexistante, ou tellement idiote. Aujourd'hui elle n'admirerait même pas le ciel, mais irait nourrir ses brebis, « faire le lait » pour rien, pour comme tous les jours… C'était tellement bon de rien savoir. Tellement bon de faire des choses en toutes innocence! Le graviton la reliait artificiellement à cette terre, cette Lune si tant regardée autrefois. Quelque part, elle savait que sa mère la regardait, sa Jeanne rêveuse, ainsi que son père decédé depuis quelques mois aussi, quelque part souriant sur cette boule bleue et blanche.
Les hauts parl
eurs indiquaient le nominal. Dans quelques secondes, les 325 millions de moteurs à plasma allaient être allumés, et ce serait la disjonction entre le fil de vie et l'espoir futur. La bouée de sauvetage, l'ultime décision planétaire, la survie des espèces terriennes. Sonia regardait le vide de l'espace, la terra-formation lunaire inachevée, et contenant ses larmes, l'étroitesse qu'elle sentait autour d'elle et qui formerait son quotidien. Le travail ne manquerait pas! Saurait-elle s'y perdre comme les autres? Saurait-elle oublier, vivante parmi les quelques "chanceux" de cette arche improbable?

H - 3 secondes.
Le présentateur parlait doucement. Doucement, comme à soit-même, comme en catimini avec l'auditeur de la radio. Il disait : 5'700 personnes, 300'000 espèces vivantes animales, 200'000 espèces végétales, 50'000 tubes de terre provenant des continents s'apprêtent à faire un bon galactique et hors du système solaire, pour échapper à un bombardement de rayons gamma issus de Proxima, une étoile amie pourtant, mais ayant explo
sé.
Nous avons eut seulement 5 ans pour préparer un départ, le départ humain, et nous avons pris la Lune comme vaisseau spatial. Notre nouvelle Terre, nouvelle Gaïa. Nos programmes de diversions, en nous cachant derrière Mercure ou Mars ont échoués, le
s moteurs ne pouvant être efficaces suites à des pannes successives et des sabotages, dus aux infiltrations religieuses et sectaires dans les divers domaines technologies de sauvegarde.

H - 2 secondes
Dans les rues, devant les postes de télévision, de New York à Bamako, de Pékin à Perth, l'attente.

H - 1 seconde… la dernière d'un monde.

Nominal. La Lune, s'éclaira d'une nuée intense, devint rougeoyante. Imperceptiblement d'abord, elle s'éloigna. Puis plus rapidement, devint de plus en plus petite. Sur Terre, on ressenti un effet d'apesanteur, un léger tremblement sous les pieds. Ailleurs, tsunamis, volcans en éruptions commençaient la longue agonie d'une utopie génétique.

La Lune était partie, emportant l'espoir de survie dans un autre système solaire.

Jeanne sentit un léger picotement sur la peau. Les rayons gamma, déjà, commençaient à bombarder la planète Terre esseulée. Les foules agglutinées dans les rues n'eurent pas le temps de réagir, de se cacher. A quoi bon d'ailleurs, les rayons de la mort pénétraient toute chose sur plusieurs centaines de kilomètres de profondeur… Tout ce qui était vivant fut consumé en quelques secondes. Ne restait en lieu et place des foules, que de la poussière charriée par le vent, entre les bâtiments d'une civilisation désormais éteinte.
La Lune passait avec succès l'orbite de Pluton. Désormais, elle avançait avec son lot "d'extra-terrestres" à toute allure vers l'inconnu.



Merci Karquen pour ton inspiration.

Je me suis efforcé d'ôter les fautes d'orthographe. J'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir alors touché à ton texte...



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